Avec l’essor du e-commerce, les livraisons de petits colis dans les centres-villes se sont multipliées. Pour concilier logistique urbaine et écologie, les élus et les spécialistes du secteur inventent des solutions propres, afin de faciliter la circulation et de réduire les émissions polluantes.
Des drones aux solutions de mutualisation
Dans le secteur de la logistique, le « dernier kilomètre », qui désigne les étapes finales de la chaîne de distribution, est le plus coûteux et aussi le plus polluant.
La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, estime que les livraisons de colis en centre-ville vont encore augmenter et que de nouvelles solutions écologiques restent à inventer.
Par exemple, le transport de colis par drone est une option envisagée, qui se heurte toutefois en France à des questions de réglementation. En effet, seule la Poste a pour le moment obtenu l’autorisation d’expérimenter deux lignes dans le Var et dans l’Isère. Toutefois, cette solution logistique est en développement dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis et plus précisément en Virginie, où Google a désormais le droit de livrer des produits de grande consommation dans la région rurale de Christianburg.
En Île-de-France, le conseil régional évoque aussi la possibilité de développer le transport fluvial, de permettre la livraison par camion électrique transportant des conteneurs de petite taille, ou encore de créer des tunnels logistiques.
Urby, le spécialiste de la logistique urbaine, filiale de La Poste et de la Banque des Territoires, a opté pour la mise en place de services mutualisés. Implanté dans 17 métropoles de France, il propose des centres de mutualisation en dehors des villes, permettant de regrouper les colis en attente de livraison. Urby dispose aussi de moyens de transport verts, des vélos aux véhicules électriques.
Mise en place de zones à faibles émissions dans plusieurs villes de France
Strasbourg a décidé de mettre en place une zone à faibles émissions (ZFE) en plein centre-ville : l’accès aux véhicules les plus polluants est tout simplement interdit, et la ville envisage de supprimer totalement les livraisons au moyen de véhicules diesel d’ici 2022. L’objectif est d’encourager les acteurs de la logistique urbaine à renouveler leur flotte pour des véhicules plus propres.
Lyon a également mis en place une ZFE depuis le 1er janvier 2020 : elle couvre la quasi-totalité des arrondissements de la ville, ainsi qu’une partie de la périphérie de l’agglomération. Les véhicules utilitaires, poids lourds et transports de marchandises ne sont pas autorisés à circuler dans cette zone s’ils sont trop anciens, et donc trop polluants.
À Rennes, la logistique urbaine représente 30 % des émissions de gaz à effet de serre. La métropole a pour objectif, à l’horizon 2030, de supprimer la totalité des livraisons en véhicules diesel dans le centre-ville. En attendant, les plages horaires de livraison ont été adaptées : les véhicules propres peuvent accéder au centre-ville 24 heures sur 24, tandis que les autres véhicules n’y ont accès que durant la matinée.
La mise en place, dans de nombreuses villes, de pistes cyclables supplémentaires lors du déconfinement peut laisser espérer un essor des livraisons à vélo, qui séduisent les consommateurs. Les spécialistes de la logistique urbaine sont toutefois sceptiques sur ce point, et évoquent les difficultés de cohabitation, sur ces pistes, entre les cyclistes non aguerris et les coursiers professionnels.
Si les solutions propres dans le domaine de la logistique urbaine sont encore à réfléchir et parfois à affiner, elles représentent néanmoins une perspective incontournable dans les années à venir.